Découvrez l'intégrale de l'interview de Sergent Garcia !

Album Sin Fronteras, sorti fin août 2001

Sergent Garcia, de son vrai nom Bruno Garcia, est actuellement en tournée avec le groupe Locos del Barrio à l’occasion de la sortie de son nouvel album Sin Fronteras.
Rencontre avec l’ex-chanteur de Ludwig von 88, devenu aujourd’hui le leader de la salsamuffin.


- Ton dernier coup de cœur ?
J’ai bien aimé le dernier disque de Mister Gang. En ce moment, je suis assez branché Flamenco. Il y a un artiste qui s’appelle Tomatito qui vient de faire un album excellent. Mon dernier flash a été Cuba, il y a un an et demi, par rapport aux gens, à la musique, à cette humanité qu’il y a là-bas.

- Ton dernier coup dur ?
En général, j’essaie de les oublier vite. Ma plus grosse mésaventure : je me suis cassé une côte à un concert à Ténériffe, après j’ai eu un peu de galères. Et puis la dernière, une gastro-entérite à Bruxelles, ce n’est pas très pratique pour chanter.

- Ton dernier coup de gueule ?
Mon dernier coup de gueule, il est tous les jours, le matin, le soir (rires). C’est peut-être par rapport à ce qui se passe en ce moment. Nous nous battons pour mettre des ponts entre les gens, entre les cultures et faire que l’humanité ne se résume pas à des chiens qui se battent entre eux. Ils se battent tous au nom d’un dieu qui est en fait le même avec des noms différents. Ça me tue qu’en 2001 on en soit encore à des retours en arrière comme ça.

- Tu as fait beaucoup de funk, un peu de rap, est-ce que la Salsamuffin que tu as inventée est la fin de ton voyage musical ?
Non, c’est juste une étape. On fait de la musique qui correspond à notre âge. A 16-17 ans, j’avais envie de sauter en l’air partout avec les cheveux verts et une guitare électrique. Aujourd’hui, je ne serais pas dans mon rôle si je faisais ça. Dans trente ans, tu me verras dans un autre projet qui n’aura rien à voir avec ce que je fais maintenant. Je me laisse guider par les rencontres, les inspirations.

- Chanter en français, c’est incompatible avec la Salsamuffin ?
Non, mais j’aime écrire en Espagnol, j’aime chanter en espagnol. Et puis pour nous ça a été un moyen de passer les frontières, plus facilement qu’avec le français, je pense. Même si pour beaucoup de gens on a la " French Touch " comme ils disent. Les gens, à l’étranger, se demandent comment il peut y avoir tant de choses, tant de musiques différentes qui sortent de France.

- Comment réagit le public face à ton nouveau set ?
Très bien. On teste les morceaux avant de les mettre sur le disque. On les teste sur scène. C’est quand même ça le but premier de notre musique, de faire danser les gens, de leur faire passer une bonne soirée. Ces morceaux se modifient, ils ont une vie propre, ils évoluent en fonction des concerts, et au moment où on les enregistre, ils ont déjà été pas mal joués sur scène.

- Est-ce que ta musique est perçue différemment selon les endroits où tu joues ?
C’est sûr qu’à Porto Rico ou aux Etats-Unis, le nombre de latinos étant vraiment important, c’est déjà une culture qu’ils connaissent bien, ils dansent plus facilement, et puis ils dansent « à la Latine » c’est-à-dire en couple… À l’opposé, on a joué en Hongrie, c’est très différent de leur culture, mais le rythme, la danse et la musique passent partout : c’est universel. Il n’y a pas de frontière.

- Ton album s’appelle " Sin Fronteras ", quelles frontières n’existent plus ou ne devraient plus exister ?
C’est un constat. Aujourd’hui les frontières ont beaucoup évolué. Les populations des villes ne sont plus du tout les mêmes qu’il y a 50 ans. Ce sont de nouvelles populations, de nouvelles formes de cohabitation, de nouvelles manières de vivre, de nouvelles formes culturelles. On s’aperçoit aussi que la musique n’a jamais eu de frontière, elle à toujours voyagé avec les mouvements migratoires quels qu’ils soient, avec la traite des esclaves en ce qui concerne le son des Caraïbes qu’on aime beaucoup. Aux Caraïbes, il y a eu la rencontre entre l’Afrique et l’Europe. À Cuba, à Porto Rico, ça a donné naissance à une nouvelle identité, l’identité latine. C’est ça qui nous inspire.

- Voyage-tu beaucoup dans le milieu international de la salsa ?
Je suis allé à Cuba, à Porto Rico, aux Etats-Unis. C’est une partie de mon travail. Ça fait du bien d’aller dans les pays qui sont à la base de la musique qu’on joue. Ceci dit nous ne sommes pas un groupe de salsa, ni un groupe de reggae, ce projet-là on l’a fait à Paris, avec des musiciens français, qui ont travaillé avec beaucoup d’artistes du monde entier, il n’y a que 2 musiciens Cubains. On n’a pas cherché à copier ce que faisaient les groupes Cubains mais plutôt à amener des ingrédients de musique Latine ou Reggae dans notre musique.

- Est-ce que tu as déjà tourné en Afrique ?
Non, c’est un grand projet, on veut prendre le temps de bien le faire, c’est quand même compliqué de bouger les 18 personnes de l’équipe (12 musiciens).

- Avec qui aimerais-tu travailler ? La rencontre Manu Chao – Sergent Garcia est-elle possible ?
Non, ce serait trop un effet marketing qui n’intéresse ni l’un ni l’autre. Mais il y a beaucoup d’artistes avec qui j’aimerais travailler. Je laisse faire le temps et les rencontres.